Bible, Histoire, Archéologie
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Jésus de Nazareth
Les sources
Les quelques données relatives à l’existence de Jésus proviennent presque exclusivement des quatre Évangiles, rédigés dans la seconde moitié du Ier siècle.
On trouve encore quelques éléments dans les autres écrits du Nouveau Testament, les Actes des apôtres ou les écrits de Paul (Actes 20,35 ; 1 Corinthiens 11,23, etc.).
Certains autres textes, plus tardifs et dépendants d’une tradition déjà bien établie sur la vie de Jésus, n’en sont pas moins importants : la Didachè (ou doctrine des douze apôtres, document composite d’origine syrienne, vers 95) et la Lettre de Clément de Rome aux Corinthiens (vers 95), les Sept lettres d’Ignace d’Antioche (vers 115).
Il n’existe aucun acte officiel des autorités romaines se rapportant à l’existence du Christ. Le premier auteur extrabiblique qui évoque Jésus est Flavius Josèphe, ancien général juif, rallié aux Romains lors de la guerre juive dans les années 66. Il le mentionne à deux reprises dans ses Antiquités juives : au sujet de la lapidation de Jacques, chef de l’Église de Jérusalem (désigné comme « le frère de Jésus appelé Christ ») et dans un passage beaucoup plus développé consacré à Jésus lui-même, connu sous le nom latin de Testimonium flavianum, qui le décrit comme un homme exceptionnel, [qui] accomplissait des choses prodigieuses […] et se gagna beaucoup de monde parmi les Juifs […].
Image ci-contre : emplacement présumé du lieu de la nativité de Jésus de Nazareth à Bethléem. © Damon Lynch.
Flavius Josèphe mentionne encore la résurrection, l’admiration et la foi de ses disciples évoquant une lignée de chrétiens qui se perpétue encore à son époque. L’authenticité de ce passage fait l’objet de débats, la plupart des commentateurs estimant aujourd’hui qu’il aurait été retouché ultérieurement, ce qui n’exclut pas que Josèphe ait pu rédiger une notice sur Jésus.
Allusions d’auteurs païens du IIe siècle
Pline le Jeune, dans une lettre adressée à l’empereur Trajan vers 111 rapporte les résultats d’une enquête qu’il a menée sur les chrétiens de Bithynie à la suite d’accusations portées contre eux.
Vers 116, dans ses Annales, Tacite relate comment Néron persécuta les chrétiens jugés responsable de l’incendie de Rome en 64 et rappelle qu’ils tiennent leur nom d’un certain « Chrestos » qui, sous Tibère, fut livré au supplice par le préfet Ponce Pilate.
Suétone, dans sa Vie des douze Césars (vers 120) explique que les Juifs de Rome furent expulsés sous Claude (49) parce qu’ils s’agitaient à l’instigation d’un certain « Chrestos ».
Image ci-contre : la basilique de la Nativité à Bethléem, bâtie selon la tradition, sur le lieu présumé de la naissance du Jésus de Nazareth. © DR.
Aucun de ces trois auteurs ne témoignent de l’existence de Jésus mais ils attestent que des individus ou des groupes se réclamaient de lui, et ceci à Rome dès les années 40.
Sa naissance
Tous les événements rapportés ici ont pour source principale les Évangiles.
Jésus est né à Bethléem, la ville du roi David en Judée, peu de temps avant la mort d’Hérode le Grand, survenue vers l’an 4 avant notre ère (Matthieu 2,1-13). La date exacte, le jour comme l’année, reste encore débattue par les spécialistes. La plupart la situe entre les années 7 et 5 avant notre ère.
Cette confusion provient d’une erreur d’un moine du VIe siècle, Denys le Petit. Si cette erreur a été corrigée, la date du début de l’ère chrétienne n’a pas été modifiée. L’indication de Luc (2,1-2) selon laquelle sa naissance se place au temps du recensement de Quirinius, gouverneur de Syrie pose problème, sauf à interpréter la formulation ambiguë en grec « ce premier recensement… » comme l’indication qu’il y eut un premier dénombrement, touchant les personnes en 8 avant J.-C. auquel Quirinius a pu participer puisqu’il était présent dans la région (entre 12 et 7 avant J.-C.), puis un second à caractère cadastral en 6 après J.-C. auquel il procéda cette fois en tant que légat.
Image ci-contre : une maquette de la ville de Jérusalem au temps d’Hérode. On distingue le temple, en haut à gauche de l’image. © Musée d’Israël, Jérusalem.
La naissance du Christ (la Nativité) est traditionnellement fêtée le 25 décembre, mais cette date s’avère purement conventionnelle. Elle a été fixée en 354 pour la faire coïncider avec la fête romaine du Sol Invictus. Avant cette date, la Nativité était célébrée à des dates variées selon les provinces, au printemps ou souvent le 6 janvier. Le texte de Luc nous rapporte les circonstances de la naissance du Christ : … Il y avait dans le même pays des bergers qui vivaient aux champs et montaient la garde pendant la nuit auprès de leur troupeau… (Luc 2,8).
Image ci-contre : aureus, avers, representant Tibère, empereur romain de 42 avant J.-C. à 37 après J.-C. C’est sous son règne que vécut Jésus de Nazareth. © Rome, Musée dell’Ara Pacis.
Il paraît invraisemblable que des bergers puissent faire paître leurs troupeaux, la nuit dans les champs, durant les hivers rigoureux de cette région.
Huit jours après sa naissance, le petit enfant est présenté au Temple. En tant que mâle premier-né, il est consacré au Seigneur et deux tourterelles (ou deux jeunes pigeons) sont offertes en sacrifice. Il est circoncis comme tout enfant juif et, selon l’indication de l’ange, le nom de Jésus lui est donné.
Sa famille, son enfance
Dans les Évangiles, Jésus nous est présenté comme le fils du charpentier et le fils de Marie. Matthieu et Luc professent une « conception par la vertu du Saint-Esprit ». Jésus est le premier né de cette famille modeste au milieu de laquelle il grandit avec « plusieurs frères et sœurs » à Nazareth.
Nous ne savons pratiquement rien de son enfance, si ce n’est par Luc, qui soulève un coin du voile sur un incident qui s’est déroulé à l’âge de douze ans. Ses parents, qui l’avaient emmené à Jérusalem puis perdu sur le chemin du retour, le retrouvent au bout de trois jours en grande conversation dans le Temple avec les docteurs de la Loi. Ces derniers sont impressionnés par la pertinence de ses questions et de ses réponses.
Je suis le bon berger. Je connais mes brebis, et elles me connaissent, comme le Père me connaît et comme je connais le Père; et je donne ma vie pour mes brebis.… Jean 10, 14/15. © Doron Nissim.
Entrée triomphale à Jérusalem
Jésus et ses disciples se préparent à entrer dans Jérusalem et à célébrer sa dernière fête de Pâque. Les apôtres pensent que la reconnaissance de sa filiation avec le roi David est enfin acceptée, mais Jésus sait que cette entrée triomphale et l’expulsion du Temple des petits négociants vont amener la confrontation finale avec les autorités, son arrestation et sa mort.
Au dernier repas que Jésus partage avec les douze, il donne ses dernières instructions. Il partage avec eux le pain et le vin pour montrer de manière symbolique sa mort prochaine qui apportera la rédemption à tous. C’est l’instauration de la Cène, c’est-à-dire le partage du pain et du vin, un des fondements du culte chrétien.
Arrestation, jugement et condamnation à mort
Avec la complicité de Judas, les autorités du Sanhédrin arrêtent discrètement Jésus de nuit dans le jardin de Gethsémani, sur le Mont des Oliviers. De faux témoins déposent contre lui. Jésus est finalement reconnu coupable de blasphème, parce qu’il accepte le titre de Messie et revendique sa nature divine, éternelle : avant qu’Abraham fût, je suis […]. Seuls les Romains peuvent exécuter la sentence de mort liée à ce blasphème ; aussi est-il emmené devant Ponce Pilate, qui refuse la peine capitale pour le motif évoqué par le Sanhédrin. Pilate tente de tourner la difficulté en envoyant Jésus au roi Hérode Antipas puisque la Galilée dépend de sa juridiction et que Hérode est un ami d’enfance de Tibère qu’il faut ménager ; finalement il propose de relâcher Jésus à l’occasion de la traditionnelle amnistie de Pâque (Matthieu 25,15), en le faisant flageller. Rien ne réussit à faire changer d’avis la foule remontée par les prêtres.
Le brigand Barrabas est relâché et Jésus est crucifié à Gethsémani, à l’entrée de Jérusalem avec deux autres condamnés. Quant au jour, les indications données par les Évangiles sont assez précises : c’était un vendredi, le jour de la Pâque selon les synoptiques, la veille selon Jean, soit le 14 Nissan ; si l’on ajoute que l’obscurcissement du ciel cité par les textes au moment de sa mort a dû correspondre à une éclipse visible en Palestine, cela nous amène au 3 avril 30 ou au 7 avril 33. Sa mort est attestée par un coup de lance dans son côté ; il est descendu de la croix et enseveli dans un tombeau creusé dans la roche, qui appartient à Joseph d’Arimathé.
Image ci-contre : une tombe judéenne appartenant probablement à la famille d’Hérode le Grand. © Todd Bolen.
Résurrection et ascension
Selon les Évangiles, Jésus ressuscite le troisième jour : les textes nous rapportent onze rencontres distinctes de Jésus ressuscité, aussi bien avec des individus qu’avec des groupes importants.
Après l’Ascension (l’enlèvement de Jésus au ciel), c’est aux disciples et aux apôtres de poursuivre la mission.