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Bible, Histoire, Archéologie

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L’origine et le sens du mot copte

Hikuptâh («la maison de l’esprit de Ptah») est le nom religieux de Memphis, ancienne capitale de l’Égypte pharaonique. Les Grecs ont dérivé ce nom en aiguptios (égyptien).
En 641, les conquérants arabes reprennent l’appellation aiguptios qui très vite donna en abrégé Qibt (قِبط), c’est à dire copte.
Le nom de copte désigne la population égyptienne d’abord dans son ensemble, puis, à mesure des conversions à l’islam, exclusivement les membres de l’Église chrétienne d’Égypte.
La langue copte est le dernier stade d’évolution de l’égyptien ancien. Plusieurs dialectes régionaux coptes ont existé : le bohaïrique, le sahidique, le fayoumique, l’oxyrhynchite, l’akhmimique et le lycopolitain.
Seul le bohaïrique, devenu langue morte, est encore utilisé mais uniquement dans la liturgie. C’est probablement à partir de cet héritage linguistique qu’une identité copte contemporaine a pu se constituer.

Image ci-contre : un moine coiffé du capuchon dit «de Saint Antoine», brodé de croix coptes. © Théo Truschel.

La Période romaine et les débuts du christianisme égyptien

Les racines du christianisme égyptien
Le christianisme a pris racine très tôt en Égypte, entre 42 et 48 de notre ère. L’ancienne tradition copte attribue les tout débuts du christianisme égyptien à la «Venue de la Sainte Famille» qui fuyait le roi Hérode le Grand, en Égypte (Matthieu 2,13-15), puis à la prédication de l’évangéliste Marc à Alexandrie.
À la fin du IIe siècle, le patriarche Démétrios organisa l’Église chrétienne en Égypte ; il fut le premier à nommer des évêques (mot qui signifie surveillants, administrateurs) dans les campagnes. Il put ainsi poser les bases d’une Église unifiée, capable de s’imposer et faire face aux éléments de division au sein de la communauté chrétienne qui apparaissent plus tard, comme la doctrine de la gnose.
C’est durant cette période que fut instituée l’École d’Alexandrie : le célèbre Didascalée qui forma un grand nombre de théologiens et de Pères de l’Église; des personnages illustres comme Clément d’Alexandrie, Origène, Jérôme, etc., sont issus de cette École et posèrent les fondements de l’enseignement chrétien.
Dès l’origine, le christianisme eut un statut particulier. Les chrétiens, comme les Juifs, ne prenaient pas part au culte officiel de l’État en offrant l’encens aux dieux et à l’empereur et de ce fait étaient en marge de la loi.
Les premières persécutions
En 202, Septime Sévère promulgue un édit interdisant le prosélytisme tant juif que chrétien ; à la suite de cet édit l’École d’Alexandrie est désorganisée et certains subissent le martyr.
La première persécution systématique fut déclenchée par l’empereur Dèce (vers 250). Il exigea des chrétiens qu’ils fassent des offrandes aux dieux impériaux et ainsi qu’ils reçoivent un certificat l’attestant. Plusieurs de ces certificats nous sont parvenus. Lorsque les persécutions cessèrent, des blâmes furent adressés aux chrétiens qui avaient reçu ces certificats.

Image ci-contre : inscriptions copte et arabe sur une façade d’une église du Vieux Caire. © Théo Truschel.
« Jésus lui répondit : Quiconque boit de cette eau aura encore soif ; mais celui qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura jamais soif, et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau qui jaillira jusque dans la vie éternelle ». Évangile de Jean 4,13-14.

Vers l’an 304, l’empereur Dioclétien déclencha en Égypte une persécution particulièrement sanglante. Elle fut si terrible que les chrétiens égyptiens firent de l’année de l’avènement de Dioclétien (284) la première année de la période copte (l’Année des martyrs). Il y eut une scission au sein de l’Église égyptienne entre ceux qui étaient restés fermes dans la foi et ceux qui avaient sacrifiés aux idoles (les lapsi), à propos de leur réintégration dans l’Église.

Image ci-contre : antoninien d’argent (valeur de deux deniers), Rome, vers 249-251.
Avers et revers. @ Collection Frédéric Weber.
À l’effigie de l’empereur Dèce qui déclencha la première persécution anti-chrétienne systématique vers 250.
@ Collection Frédéric Weber.

La persécution s’arrêta en 311 et l’«Édit de Milan» de Constantin en 313 accorda au christianisme la liberté de culte. C’est en 391 que le christianisme devient la religion d’État en Égypte.
Malgré les persécutions, les IIIe et IVe siècles sont favorables à l’expansion du christianisme : d’abord limité aux grandes villes il s’étend peu à peu aux campagnes (des communautés existent par exemple au Fayoum) et le copte devient la langue liturgique à côté du grec.

La Période byzantine

Les différents conciles et le schisme
Quelques années après «l’Édit de Milan» un certain Arius, prêtre alexandrin, professa une doctrine nouvelle en prétendant que le Christ était simplement la plus parfaite des créatures de Dieu et que sa nature ressemblait à celle de Dieu sans lui être identique. L’empereur Constantin convoqua un concile à Nicée en 325 pour délibérer et résoudre ce point de doctrine qui fut fermement condamné.
D’autre part le paganisme n’était pas mort pour autant. Mais les chefs de l’Église voulurent l’éradiquer et en 391, le patriarche Théophile excita la foule qui détruisit le Serapeum, le grand temple païen d’Alexandrie ; en 415 des extrémistes assassinèrent la philosophe Hypathie, symbole de l’étude et de la science que certains fanatiques identifiaient au paganisme.
Au cours des années 420, le patriarche de Constantinople Nestorius énonça une nouvelle doctrine qui nécessita plusieurs conciles en l’espace de 20 ans, pour la rejeter. Il enseigne que l’humanité et la divinité se juxtaposent en Jésus, Marie n’ayant engendré que la partie humaine : c’est le nestorianisme qui refuse la formule «Marie, mère de Dieu» (Theodokos) ; un concile se tint en 431 à Éphèse mené par Cyrille d’Alexandrie qui excommunia Nestorius et le condamna à l’exil en 449, et enfin en Chalcédoine (à côté de Constantinople) en 451 qui décréta que le Christ avait deux natures, une divine et une humaine qui coexistent sans se mêler l’une à l’autre. Le Concile de Chalcédoine déboucha sur une rupture définitive entre l’Église d’Alexandrie et celles de Constantinople et de Rome malgré plusieurs tentatives de rapprochement.
En 457, craignant que l’Égypte n’échappe à son contrôle, l’empereur de Constantinople nomma Protérius qui lui était favorable pour prendre la direction de l’Église égyptienne. Le représentant Melkite (terme qui vient de malka, «empereur» ou «roi» en araméen) fut lynché par les Égyptiens qui refusaient un étranger comme chef de leur Église. L’autorité impériale remise en question, le pays déstabilisé, les troupes impériales ne furent plus en état d’utiliser l’Égypte comme base stratégique. Afin de rétablir son autorité, Constantinople utilisa d’abord la persuasion et ensuite la répression, sans succès.

Image ci-contre : une des magnifiques fresques d’une église copte du Vieux Caire représentant Saint George, martyr chrétien du IVe siècle. La plupart des anciennes églises coptes possèdent des reliques qui sont enfermées dans un brocart de soie ou conservées sous verre comme le montre cette photo. © Théo Truschel.

Au VIe siècle, l’empereur Justinien parvint à rétablir un certain ordre en réorganisant les défenses de l’Égypte.
L’empereur d’Orient dut faire face à de nombreuses menaces en particulier des Perses sassanides qui réussirent à percer les défenses, entrèrent victorieux à Alexandrie et demeurèrent dix ans les maîtres de l’Égypte. L’occupation perse sassanide suscita de grandes difficultés en Égypte. 600 établissements monastiques furent détruits par l’armée perse. Toutefois lors de cette sombre période, plusieurs responsables de l’Église firent preuve d’un grand courage. Les Perses ayant été expulsés en 629, Constantinople reprit le pouvoir en Égypte mais l’abandonna lors de l’invasion arabe en 641.

De l’époque byzantine à l’époque islamique

L’arrivée de l’Islam
Avec l’invasion des Arabes, c’est aussi une nouvelle religion, l’Islam, qui apparait. Dans un premier temps les non-musulmans ne furent pas contraints de l’adopter. Selon la tradition musulmane, le Prophète avait une épouse copte qu’il avait particulièrement aimée et aurait donné des consignes pour qu’on respectât les Égyptiens après sa mort.
Le conquérant arabe de l’Égypte, Amr Ibn el-As, invita le patriarche Benjamin (632-662) à revenir de son exil à Alexandrie. Cela fut perçu de manière positive par les chrétiens qui purent exercer librement le nestorianisme, heureux de s’être débarrassés de la tutelle byzantine.
À la fin du VIIe siècle, des tensions apparurent entre les deux communautés au prétexte que le patriarche copte en exercice ne respectait pas assez le gouverneur d’Alexandrie.
Au début du VIIIe siècle, les monastères durent payer des charges fiscales. L’arabe devint la langue officielle de l’administration et il devint obligatoire, pour tout haut fonctionnaire d’être musulman. Un chrétien qui voulait épouser une musulmane devait se convertir à l’Islam. L’inverse était interdit.

Image ci-contre : l’Église copte rassemble aujourd’hui plusieurs millions de fidèles qui viennent prier avec ferveur dans des églises fondées au IVe siècle. Ici, lors d’une messe dans une église du Vieux Caire. © Christophe Jeanjean.

Au cours du IXe siècle, les rapports se détériorèrent à nouveau, les chrétiens furent obligés de porter un turban jaune et une ceinture particulière pour se faire reconnaître. Les croix furent ôtées des églises dont les constructions diminuèrent.
Les Fatimides
En 969, l’arrivée des Fatimides chi’ites (descendants de Fatima, la fille du Prophète) entraîna la construction d’une nouvelle capitale, le Caire ; le patriarche copte y installa sa résidence principale. Pourtant le Ier siècle fatimide fut jalonné de tragédies. Le premier Calife al Hâkim (996-1021) édicta des mesures discriminatoires très lourdes comme l’interdiction des célébrations publiques, la destruction de nombreuses églises, des conversions contraignantes à l’Islam, etc. Les persécutions cessèrent à la mort de ce Calife et une ère plus heureuse s’ouvrit pour les Coptes. Ces derniers retrouvèrent leurs postes de premier plan dans l’administration et l’Église connut un renouveau. Néanmoins dans la population chrétienne devenue minoritaire dans un pays arabo-islamisé, la langue copte perdit du terrain et se retrouva de plus en plus confinée à la liturgie. Les auteurs coptes écrivirent en arabe et à partir de la fin du XIIe siècle la liturgie elle-même commença à être célébrée en arabe.
Les Ayyoubides
À la fin du XIIe siècle une nouvelle dynastie (Ayyoubide) s’installa en Égypte sous le commandement du fameux Salah El-Din connu en Occident sous le nom de Saladin. Il connut de nombreux succès contre les Croisés et se retourna ensuite contre les Fatimides avec la même réussite. Il est important de noter que les Croisades rapprochèrent les musulmans et les chrétiens égyptiens. Ces derniers s’étaient désolidarisés de l’Occident qui les considérait comme hérétiques.
Salah El-Din fit construire une forteresse au plus haut point de la ville, la Citadelle, qui fut utilisée comme siège du gouvernement pendant les 700 années qui suivirent.

Image ci-contre : évêque, prêtres et laïques coptes en discussion à l’issue d’un office. © Théo Truschel.

Les Mamelouks et l’occupation ottomane

Les Mamelouks
L’effondrement de la dynastie Ayyoubide eut pour origine le nombre important d’esclaves turcs enrôlés au sein de l’armée. Ils avaient acquis avec le temps une importance suffisante pour s’emparer du pouvoir ; on les appelait Mamelouks, du mot arabe esclaves. L’époque inaugurée par les Mamelouks en 1251 fut à la fois une période d’une grande violence et en même temps d’une très belle production artistique. Leur apport principal a été de préserver l’Égypte de hordes mongoles qui avaient déjà dévasté la Perse et l’Irak.
Deux groupes de Mamelouks dirigèrent tour à tour le pays ; tout d’abord les Mamelouks Babris (mot qui signifie fleuve parce que leur quartier général était situé sur l’île de Rhoda, face au Vieux-Caire) jusqu’au milieu du XIIIe siècle et ensuite les Mamelouks Burgi (mot qui signifie tour, car ils étaient cantonnés à la Citadelle) jusqu’à la conquête ottomane.
Durant la période des Mamelouks, le sort des Coptes recommença à se dégrader. Il y eut plusieurs périodes de persécutions. La société d’alors subissait l’influence de la pensée du théologien Ibn Taimiyya (1263-1328) qui prônait une stricte soumission du christianisme à l’Islam, et qui remettait en cause la liberté de culte des Coptes. Les islamistes s’y réfèrent encore aujourd’hui.

Image ci-contre : un bas-relief dans une église copte, en Egypte. © WitthayaP.

Du XIIIe au XIVe siècle, l’Église connut un remarquable renouveau culturel en langue arabe dans plusieurs domaines : les arts, la philosophie, la théologie, la littérature surtout d’inspiration religieuse.
L’occupation ottomane
Les Turcs ottomans qui s’étaient emparés de l’Empire byzantin ne voulaient pas conquérir l’Égypte par les armes. À deux reprises ils offrirent aux Mamelouks un statut semi-indépendant au sein de leur Empire. Les Mamelouks refusèrent et préférèrent se battre jusqu’à leur défaite à Guizèh en 1517.
Sous l’occupation ottomane, les Mamelouks retrouveront une certaine importance au point de redevenir vers 1767 les maîtres de l’Égypte. Les différentes pressions et surtout une lourde pression fiscale sur les chrétiens, entama le déclin de la communauté copte.

Les Coptes, du XIXe siècle à nos jours

Durant sa campagne d’Égypte (1798-1801), le général Bonaparte soucieux d’entretenir de bonnes relations avec les élites arabo-musulmanes, se désintéressa des Coptes. Par contre, le vice-roi Mehemet Ali (1805-1849) qui parvint à expulser les Mamelouks en 1811 et à se rendre indépendant de l’Empire ottoman recourut aux services et à la compétence des Coptes dans la gestion du pays. Il visait un rapprochement avec l’Occident et commença à faire entrer l’Égypte dans la modernité.
En 1855, le vice-roi Mohamed Saïd (1854-1863) fit accéder les Coptes au service militaire, étape vers un statut de pleine citoyenneté. Le khédive Tewfiq (1879-1892) lors de son accession au trône décréta enfin l’égalité des chrétiens et des musulmans. Les Coptes jouèrent comme jamais auparavant un rôle de premier plan dans la vie de la nation égyptienne. L’Égypte aura même un Premier ministre copte Boutros Ghali Pacha qui sera malheureusement assassiné par un extrémiste musulman en 1910.
Les années Nasser
À partir des années 1930, la montée en puissance d’un sentiment marqué par l’islamisme et un nationalisme exacerbé (Les Frères Musulmans) compromirent le remarquable climat positif qui s’était instauré en Égypte mais les Coptes connurent malgré tout un regain d’identité et de dynamisme.
Discrédité par la corruption et par la défaite de 1948 contre Israël, le roi Farouk est renversé en 1952 laissant la place au colonel Gamal ‘Abd el-Nasser qui engage le pays dans un processus de socialisation dont les chrétiens vont particulièrement souffrir. De nombreuses familles coptes sont dépossédées de leurs biens, dans les banques, l’industrie, le commerce. Tous les partis politiques dans lesquels les Coptes jouaient un rôle important furent supprimés. Les «années noires» furent malgré tout celles d’un renouveau pour l’Église, surtout en raison de l’énergie déployée par le patriarche Cyrille VI (1959-1971) particulièrement vénéré par les Coptes. Il fit restaurer plusieurs monastères et fit retrouver le chemin de la spiritualité des « Pères du désert ».

Image ci-contre : une des portes d’entrée (aujourd’hui condamnée) du porche de l’église Al Muallaqa qui est datée du XIIIe-XIVe siècle. C’est le plus ancien lieu de culte copte du Vieux Caire qui daterait du IVe siècle. © Théo Truschel.

Les années Sadate
Avec l’accession au pouvoir du président Anouar el-Sadate (1970), la situation des Coptes s’améliora. Un appui important leur fut apporté dans la personne du ministre d’État copte Boutros Boutros Ghali (Secrétaire général de l’ONU de 1992 à 1997), mais la politique de Sadate allait aussi nourrir l’intégrisme des fondamentalistes musulmans qui le firent assassiner en octobre 1981. Plusieurs affrontements sanglants entre chrétiens et musulmans se déroulèrent dans ce contexte politique fragile : le pape Shenouda III fut officiellement déposé.
En 1981, le président, Hosni Moubarak, dont l’épouse était chrétienne, s’employa à restaurer la situation et dans un souci d’apaisement, Shenouda III fut rétabli dans ses fonctions à la tête de l’Église en 1985.
En février 2011, le président Hosni Moubarak quitta le pouvoir à la suite de 18 jours de manifestations intensives, mettant ainsi fin à ses 29 ans de règne sur l’Égypte. L’armée s’empare alors des pouvoirs législatif et exécutif. Le mois suivant, les Égyptiens validèrent par référendum une réforme de la Constitution qui prévoyait une transition rapide vers un pouvoir civil élu. En novembre 2011, de nouvelles violences éclatèrent, faisant plusieurs morts et conduisant l’armée à accélérer le transfert du pouvoir.

Lors des élections législatives de 2011-2012, les islamistes remportèrent la majorité des sièges. Le 17 juin 2012, à l’issue du second tour, Mohamed Morsi remporta l’élection présidentielle et devint ainsi le premier président du pays élu au suffrage universel dans une élection libre avec 51,7 % des voix face à Ahmed Chafik, ancien Premier ministre de Moubarak.
La présidence de Mohamed Morsi a commencé le 30 juin 2012 et, massivement contestée s’est terminée le 3 juillet 2013, après un coup d’État militaire dirigé par le général Abdelfatah Khalil al-Sissi.
Cette période de 2011 à 2013, qui voit l’arrivée au pouvoir des Frères Musulmans, fut une période difficile pour les Coptes.

 l’Église copte rassemble aujourd’hui plusieurs millions de fidèles qui viennent prier avec ferveur dans des églises fondées au IVe siècle.
Ici, lors d’une messe dans une église du Vieux Caire. © Sun_Shine

Une civilisation originale

La naissance de l’alphabet copte
Au IIIe siècle une partie de la population égyptienne était devenue chrétienne mais la diffusion des Évangiles dans le peuple se heurta aux difficultés de lecture des écritures traditionnelles (hiéroglyphique et démotique). Alors l’écriture phonétique grecque fut adaptée aux consommes égyptiennes et complétée : c’est le copte.
L’érémitisme et le monachisme
De tout temps dans l’Égypte antique des hommes ont fui les difficultés de la vie (armée, impôts, etc.) en se réfugiant dans le désert. Ce fut aussi le cas lors des persécutions contre les chrétiens au IIIe et IVe siècles. Le premier ermite chrétien serait Paul de Thèbes, vivant totalement solitaire dans une grotte. D’autres suivirent, le plus célèbre étant Saint Antoine qui fit ce choix en conformité au message évangélique (pauvreté) et non à cause des persécutions. Cependant vers 305, il abandonne l’érémitisme total et accepte de vivre avec quelques disciples pour lesquels il rédige une règle de vie. C’est le début du monachisme dont on trouve les traces dans le désert égyptien, au Wâdi n-Natroun, et dans le Delta.
Plus tard, Pachôme fonda une autre forme de monachisme, une vie en communauté qui était un équilibre entre la solitude et la communion avec d’autres moines : c’est le Koïnos bios, la vie en commun, qui donne le mot cénobitisme.
Saint Amoun, pour sa part établit une forme de semi-anachorétisme : il s’agit de cellules (Kellia) isolées les unes des autres au milieu du désert où un moine vit avec quelques disciples (entre 5 et 10 ermites) mais qui permettaient de se réunir une fois par semaine pour la messe.

Image ci-contre : image du haut : livre liturgique copte du XIVe siècle contenant les deux versets 24 et 25 du Psaume 118. © Théo Truschel.
Image du bas : manuscrit copte et arabe du début du XVIe siècle. Introduction de l’Évangile de Marc. © Théo Truschel.

L’art
L’art copte est profondément marqué par l’art égyptien, grec et romain. À partir du Ve siècle les sujets religieux se multiplient (dont de nombreuses croix) et triomphent au VIe siècle. Les références iconographiques remontent au passé païen et s’en inspirent : décor d’animaux, de végétaux typiquement égyptiens (exemple : crocodiles, canards, hippopotames, etc.), décors géométriques… On les retrouve sur tous les supports : mosaïques, tissus, peintures, etc.
La redécouverte des Coptes
Au XVIe siècle les Coptes suscitèrent un certain intérêt en Occident, ce qui inspira plusieurs voyages à des pèlerins ou des diplomates en Égypte. En 1538, Guillaume Postel publia le premier alphabet copte. C’est aussi la période des découvertes de manuscrits, de lexiques notamment dans les monastères du Wadi n-Natroun. En 1675 parait une Histoire des Coptes, en latin, d’un chrétien égyptien Yousouf Abou Daqan qui avait déjà enseigné en Europe.
À ce jour, la plus ancienne copie d’une petite partie du Nouveau Testament a été exhumée en Égypte dans la région du Fayoum. C’est un fragment de papyrus comportant un passage de l’Évangile de Jean. Il est daté de la première moitié du IIe siècle.
Au XVIIIe siècle la connaissance du copte progressa grâce à la parution de plusieurs ouvrages comme le dictionnaire de Veyssière de Lacroze (1775) ou des grammaires de Scholtz et Woide (1778). C’est surtout cette documentation qui permit à J.-F. Champollion de décrypter en 1822 l’écriture hiéroglyphique égyptienne.

Image ci-contre : aujourd’hui, on compte 13 monastères habités par plusieurs centaines de moines, ainsi que de nombreux sites monastiques anciens rénovés. C’est parmi ces moines que sont choisis les évêques. © Théo Truschel.

L’Église copte aujourd’hui
Les difficultés économiques auxquelles l’Égypte est confrontée aujourd’hui, favorisent le discours islamiste. Souvent les Coptes sont présentés comme un bouc émissaire, coupables de ces différentes difficultés nationales. L’Église copte dans un souci de paix et de solidarité nationale et pour prouver sa loyauté envers son pays minimise ces difficultés.
Les Coptes sont loin de se considérer comme une minorité négligeable (6% dans les recensements gouvernementaux mais 12 % pour les Coptes) et sont présents dans tous les domaines de l’économie et de la culture égyptienne.