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Bible, Histoire, Archéologie

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Hanoucca est un évènement historique appelée fête de l’Inauguration ou de la Dédicace (c’est d’ailleurs ce que signifie ce mot en hébreu, Hanukkâh), car les Juifs commémorent la Dédicace du Temple de Jérusalem, saccagé, vidé de son sens en 165 avant J.-C., après sa profanation par les Séleucides. Cette fête rappelle ainsi la victoire des Maccabées sur les armées d’Antiochus IV Épiphane de Syrie, qui voulait helléniser la Judée et interdire aux Juifs de pratiquer leur culte.

Le contexte historique

Après la mort d’Alexandre le Grand en 323 avant J.-C., la Judée passe sous le contrôle des Lagides d’Égypte et fait partie de la province de Coelé-Syrie. S’ouvre alors une période de rencontre entre le judaïsme et la culture grecque aussi bien en Judée que dans la Diaspora. À l’issue de la cinquième « guerre syrienne », vers 201 avant J.-C., Antiochos III prend le contrôle de la Judée ; mais en 188, les Séleucides, tentant de s’imposer à l’expansion romaine en Grèce et en Macédoine furent vaincus et durent verser de très lourdes indemnités de guerre réparties sur douze ans, à Rome. Cette situation conduisit Antiochos IV Épiphane, à alourdir la fiscalité en Judée, obligeant le grand-prêtre, nommé par le pouvoir séleucide, à puiser dans le trésor du Temple. À cette époque, le Grand Prêtre est un personnage de première importance ; c’est lui qui est habilité à prélever l’argent du trésor du Temple.
Dans ce cas, la révolte des Maccabées (167-142) a été à la fois une révolte des Juifs pieux contre la dynastie grecque des Séleucides et un conflit interne opposant les traditionalistes hostiles à l’évolution de la tradition juive au contact de la culture grecque et des Juifs hellénisants plus favorables au métissage culturel.

Image ci-contre : la fête de Hanoucca célèbre la victoire de la lumière sur les ténèbres dans le quartier juif orthodoxe de Jérusalem.
De nos jours, une boîte vitrée est exposée devant le domicile des Juifs et, chaque soir durant huit jours, une bougie est allumée. © Dany Yanaï.

Les dirigeants de cette révolte sont le prêtre Mattathias qui refusa de faire un sacrifice païen et ses fils, notamment Simon qui devint le chef politique de la révolte, tandis que Judas, surnommé «Maccabée» en fut le chef militaire (1 Maccabée 2).
Certains historiens juifs estiment que le récit de Judith tuant le général assyrien Holopherne après s’être introduite dans son camp pour le séduire et ensuite l’assassiner (voir le livre deutérocanonique de Judith) aurait été l’élément déclencheur du soulèvement des Maccabées qui s’est étendu sur une durée de plus de vingt ans environ.

Image ci-contre : monnaie juive hasmonéenne (avers et revers), attribuée à Jean Hyrcan Ier (135 à 104 avant J.-C.) Yehochanan hakohen hagadol rosh haver yehudim, « Yehochanan le grand prêtre et le premier de l’assemblée des Juifs », fils et successeur de Simon Maccabée, Grand Prêtre Roi.
L’État de Judée venait d’accéder à l’indépendance et le rôle politique et culturel de Jean Hyrcan Ier fut très important. Sur les monnaies juives, les visages ne sont jamais représentés. © Musée d’Israêl, Jérusalem.

La fête

Après leur victoire, les Maccabées se rendirent dans le Temple de Jérusalem pour le purifier des souillures des sacrifices imposés par Antiochos IV ; ils allumèrent la ménorah (le candélabre à sept branches) avec la seule fiole d’huile consacrée en leur possession (légende, tradition ?). Elle n’aurait dû durer qu’un seul jour, mais elle aurait maintenu la ménorah allumée pendant huit jours, le temps de fabriquer une nouvelle huile sainte. C’est ce miracle que les maîtres juifs ont surtout retenu de cet épisode qui place cette fête sous le signe de la victoire de la lumière sur les ténèbres. Elle représente aussi la victoire de la liberté religieuse contre le paganisme (1 Maccabée 4, 36-61).
Selon Armand Abécassis, cette fête porte aussi une dimension messianique: « Le chiffre 7 rythme la semaine ici-bas, le chiffre 8, lui, évoque le dépassement de ce rythme pour un au-delà du réel », c’est celui du Messie. « Ce huitième jour messianique devrait éclairer tous les peuples libres et responsables de la paix et de la justice ».

Comment célèbre-t-on cette fête ?

La fête d’Hanoucca tombe le 25 du mois de Kislev qui, dans le calendrier juif, marque le solstice d’hiver, où les journées sont les plus courtes et les nuits les plus longues (on y trouve une allusion directe dans l’Évangile de Jean au chapitre 10,22). Elle dure huit jours:le premier soir, après avoir récité une bénédiction pour remercier Dieu du miracle passé, le père de famille allume une première lumière sur la ménorah à neuf branches placé près d’une fenêtre, et continuera ainsi, à raison d’une lumière supplémentaire chaque soir, jusqu’au huitième jour. La neuvième branche du chandelier sert à positionner la bougie (appelée le Shamash, «serviteur») qui permet d’allumer les huit autres.

Image ci-contre : le candélabre à 8 + 1 branches de la fête d’Hanoucca. Domaine public.

 

Monnaie à l’effigie d’Antiochos IV Épiphane.
Il se révèle un adversaire acharné des Juifs.
Avers :
Son visage, à droite.
Revers :
ΘΕΟΥ ΕΠΙΦΑΝΟΥΣ ΝΙΚΗΦΟΡΟΥ / ΒΑΣΙΛΕΩΣ ΑΝΤΙΟΧΟΥ :
« Roi Antiochos, dieu révélé, porteur de victoire ». © cgb.